
“Je veux l’amour.” Mais je veux pas qu’on me dérange, svp.
Par une matchmaker lucide (et déterminée)
Je suis matchmaker. C’est mon vrai métier. Je passe mes journées à écouter des femmes et des hommes qui veulent « enfin une vraie histoire ». Pas des profils, pas des catalogues. Une histoire, un être humain, une rencontre, un feeling.
C’est beau hein, sur le papier. Dans la réalité ? Si j’étais de mauvaise foi, je dirais que je tiens la liste des « meilleures excuses pour rater une rencontre ». Mais ce ne sont pas des excuses. Juste des petits bugs dans notre nature, qui font qu’on veut tout et son contraire. L’humain est un animal plein de contradictions. C’est ce qui le rend si… attachiant.
Alors aujourd’hui, j’ai décidé de les poser là, ces contradictions. En toute franchise. Pas pour pointer du doigt mais pour poser un miroir. Un vrai. Un miroir qui ne floute rien, mais qui réveille l’envie d’y croire encore.
1. “Je ne veux pas 50 matchs, je veux le bon.”
Si on écrivait noir sur blanc tout ce que les gens me disent pendant une visio de matching, on pourrait croire qu’ils ont tout pigé.
“Je veux prendre mon temps.”
“Je ne cours pas après l’apparence.”
“Je ne veux pas 50 matchs, juste un bon.”
Waouh. L’amour en version slow life, c’est beau. Et puis… une semaine après :
“Bon, c’est quand que tu me présentes quelqu’un ?”
“Dis-moi, c’est normal que j’aie toujours rien ? Parce que j’suis prête là.”
Sous-entendu : j’ai cliqué, validé, payé… tu me le sors quand, mon chéri ? Comme si je commandais un colis Chronopost émotionnel. Désolée, Je n’ai pas de boule de cristal. Je fais pas mes courses chez Cupidon.
2. Le shoot d’ego avant le café
Je fais de la veille. C’est mon job. Je traîne sur les applis, même les plus chères. L’une d’elles, très select soi-disant, vous envoie chaque matin 7 matchs, chouette non ? Mais quand vous vous connectez à l’applis ?
– 2 ne sont pas revenus depuis 2021,
– 3 ne répondent pas,
– 1 est à l’autre bout du pays et fumeur (Monsieur l’algo, t’as pas fait ton job là),
– et le dernier te dit… “salut”.
Pas sûr que le prix du site fasse la qualité de la conversation. Mais bon, 7 matchs psychologiquement, ça flatte. Vous avez votre shoot d’ego matinal. Vous ouvrez le frigo plus confiant. Mais est-ce que ça vous rapproche d’une vraie histoire ? Non.
3. “Je veux quelqu’un de bien.”
Comprendre : gentil, drôle, mignon, stable, sexy, profond… mais pas chiant.
Je vous fais un best-of ?
“Je veux qu’elle me surprenne, mais pas trop.”
“Surtout je veux un mec stable… mais qui soit dans l’impro quand même.”
“Je veux une femme bienveillante… mais piquante.”
Bon.
Vous voulez aimer une vraie personne ou un générateur IA ? Vous voulez être aimé pour qui vous êtes, mais alors pourquoi vous attendez de l’autre qu’il soit un concept ? L’autre, c’est un humain, avec des défauts, des fêlures, un vécu, comme vous. Et là, ça devient trop réel, alors on se barre. Retour à l’appli, au profil “propre”, à la promesse flatteuse, au fantasme sous contrôle.
4. L’amour… mais à 10 km max.
Sinon c’est pas pratique pour boire un café. Y’a cette obsession de la proximité : “Je veux quelqu’un près de chez moi.”
Parce que tu veux construire là où tu vis. OK.
Mais c’est un projet amoureux ou un plan d’urbanisme ?
Tu veux que les pauses déjeuner soient coordonnées ?
Que les courses soient pratiques ?
C’est quoi ton vrai besoin ?
Aimer ? Tout contrôler ?
Avoir quelqu’un sous la main, c’est rassurant. Mais aimer, c’est pas optimiser son agenda. C’est tout le contraire, comme parfois traverser 800 km sur un coup de tête pour la personne qui vous remplit le cœur.
C’est pas une question de code postal. C’est une question d’alignement.
5. Richard Gere & Alejandra Silva
Et ça arrive. Tous. Les. Jours. Oui, je caricature, mais franchement à peine. Vous voulez que je vous raconte ce que les femmes me disent ?
“Je veux être une femme. Pas une infirmière ni une auxiliaire de vie.”
“Je veux être aimée. Pas gérer une fin de vie.”
“Je veux vivre, pas assister”.
Y’a des hommes de 63 ans qui visent des femmes de 45 et qui s’étonnent qu’elles ne répondent pas. Mais bien sûr que Mimi veut vivre, voyager, sortir, faire la fête, construire. Pas pouponner un papi. Vous Messieurs, vous aimeriez une Mimi de plus de 15 ans que vous ?
6. L’ego, cet excellent saboteur
On en revient toujours à l’âge. C’est pénible. Et pas que chez les hommes
“On me donne toujours moins que mon âge.”
“Oui. Et moi, je fais 26. À l’intérieur.”
“J’ai 53 ans, mais on me donne 45.”
Bravo. On progresse. Et là, la pire punchline :
“C’est pas moi, c’est toutes mes copines qui le disent.”
Elles le disent avant ou après l’apéro ? Vous ne croyez pas qu’une vraie copine vous dirait :
“Ma chérie, t’as beaucoup de choses pour plaire c’est vrai, mais t’es pas Monica Bellucci non plus. Laisse tomber tes filtres, pose ton ego, et vas-y franchement.” Et là, peut-être, tu seras enfin visible. Pour de vrai.
On dit que l’ego est le pire ennemi de l’entrepreneur. Je pense que c’est aussi celui du chercheur d’amour. Parce qu’il ne veut pas voir la réalité. Et quand on ne voit pas… On se prend un mur. Et on revient dire : “L’amour, c’est trop compliqué.” Non. L’amour, c’est trop réel pour fantasmer.
7. “Je veux une relation sans prise de tête.”
Ah, la fameuse… Celle-là, c’est le grand classique. Je l’entends si souvent dans les “critrères” que j’ai envie de faire des cartes de fidélité. Mais sérieusement Coco, si tu veux zéro prise de tête… ne te mets avec personne. Prends un cactus, un vélo, une playlist Spotify.
Parce qu’une vraie relation, ça remue. Ça confronte. Ça t’apprend des trucs sur toi que t’avais pas envie de savoir. Et c’est normal. On met deux mondes dans le même lit, forcément y’a des grincements. Mais c’est là que ça devient vivant. Vrai. Profond.
Et puis si on met le décodeur : “Sans prise de tête”, c’est une autre façon de dire “je veux tout, mais surtout pas faire d’efforts”. Allez, on avance.
8. “Je sais ce que je veux.”
L’impossible.
“Je veux quelqu’un qui me correspond à 100 %.”
“Je veux pas faire de concessions.”
“Je veux plus jamais vivre ça.”
Vous voulez une vraie personne? Ou votre projection ? Parce que la rencontre, c’est jamais avec votre idée, c’est toujours avec la réalité. Et la réalité, c’est un être humain, avec un cœur, une histoire et souvent des failles, qui ressemblent aux vôtres d’ailleurs.
9. Je veux une belle histoire oui, mais je sors pas du canapé
Regardez les films qui vous font chialer. Pretty Woman, Good Will Hunting, Coup de foudre à Notting Hill, Intouchables, The Lunchbox…
C’est quoi leur point commun ? C’est jamais la personne qu’ils pensaient aimer. C’est jamais le scénario prévu. C’est pas rationnel, c’est pas dans la to-do list. Et c’est ça qui fait que c’est vrai.
Alors, on fait quoi ?
On arrête de se mentir. On arrête de confondre sécurité et amour.
Tant qu’à faire, on peut aussi arrêter de jouer un rôle ? Et si on acceptait qu’aimer, c’est se montrer ? Même quand on doute. Même quand on a peur de ne pas plaire.
Chez Rencontrer Voir, dans mon agence, on n’a pas de baguette magique. Mais on a autre chose : une vraie écoute. Une boussole humaine. Et une promesse simple : vous aider à chercher, vraiment. Pas quelqu’un qui coche vos cases. Quelqu’un qui vous regarde en face. Et qui vous choisit.
Ce coup-là, c’est pas pour les robots.
Oui, tout ça existe. Ces contradictions, ces attentes irréalistes, ces incohérences. Mais ce n’est pas un bug. C’est juste… nous.
Parfois, il suffit d’un rien pour réajuster le cap, un échange sincère, juste un humain qui vous regarde, vous entend, vous comprend. Et ça, aucune IA ne le capte encore. Parce que ce qu’on fait, nous, les matchmakers, c’est lire entre les lignes. C’est capter le frémissement, l’intuition, le déclic silencieux. Notre force est là.
Et vous savez quoi ? Je kiffe ce métier pour ça, pour ce mélange de lucidité et d’émotion. Dans cette façon de croire encore aux histoires vraies.
Et si je continue, ce n’est pas juste pour les autres. C’est aussi pour moi. Parce que rendre les gens heureux, ça reste un moteur. Puissant. Durable. Et contagieux.