« Ce matin encore, j’ouvre les commentaires sous une pub.
On parle d’amour, de gens qui galèrent vraiment, qui cherchent autre chose que des swipes et des “Salut ça va ?” vides…
Et qui je vois ?
Des personnes qui ne cherchent rien.
En couple, “heureuses”, “comblées”, qui n’ont “surtout pas besoin de nous” — mais qui prennent le temps d’écrire trois paragraphes pour nous l’expliquer.
Franchement, ça m’interroge.
Je m’en fous de la lessive… donc je ne commente pas la lessive
Si je vois une pub pour une lessive et que je me fiche totalement de la lessive, je fais quoi ?
Je scrolle. Point.
Je ne prends pas 2 minutes de ma vie pour aller expliquer sous la pub que :
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« Moi je fais ma lessive moi-même au savon de Marseille »
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« Vous êtes des pigeons de consommer ça »
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« De toute façon votre bidon est moche »
Non.
Parce que ça ne me concerne pas. Parce que je n’ai ni le temps, ni l’envie, ni le besoin de déverser quoi que ce soit là-dedans.
Alors, qu’est-ce qui pousse certaines personnes à faire exactement ça… mais pour l’amour ?
Commenter un restaurant sans y avoir mis les pieds
C’est un peu comme commenter un restaurant où on n’a jamais mis les pieds.
Tu passes devant, tu vois la carte, tu te dis : “Ce n’est pas pour moi.”
Parfait.
Normalement, tu continues ta route.
Mais sur les réseaux, non.
Sur les réseaux, certains s’arrêtent, sortent le mégaphone et balancent :
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« Ce resto doit être nul. »
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« De toute façon le chef a une sale tête. »
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« Vu la devanture, ça doit être du surgelé. »
Et en plus, ils le font devant les gens qui, eux, ont faim.
Les gens à qui s’adresse vraiment la pub. Ceux qui galèrent, ceux qui ont essayé les applis, ceux qui n’en peuvent plus de tourner en rond dans leur célibat.
Parlons franchement : c’est un miroir, pas un débat
Je vais être très clair : quand quelqu’un prend du temps pour commenter une pub qui ne le concerne pas, ça ne parle pas de nous.
Ça parle de lui.
Quand tu viens écrire :
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que notre concept est “ridicule”,
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que notre tête ne te revient pas,
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que nos phrases ont trop de ci, pas assez de ça,
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que “toi au moins tu n’as pas besoin de ça parce que ton couple est merveilleux”…
Tu es en train de faire quoi exactement ?
Tu n’es pas en train de nous analyser.
Tu es en train de te regarder dans un miroir… sans t’en rendre compte.
Il y a là-dedans un besoin d’exister.
Un besoin de dire : « Moi, je suis au-dessus de ça. Moi, je n’ai pas besoin d’aide. Moi, je suis du bon côté de la barrière. »
Très bien.
Mais si ta vie amoureuse est si belle, si ton couple est si solide…
Pourquoi tu es sous une pub qui parle de personnes seules, en détresse amoureuse, à expliquer que toi, justement, tu n’as pas besoin de ça ?
Tu pourrais être en train de vivre ton couple.
De boire un café avec ta moitié.
De faire autre chose de ta vie.
Le physique, les fautes, les piques gratuites
Autre catégorie :
Ceux qui commentent le physique, les fautes, la façon de penser.
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« Elle a une sale tête. »
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« Apprenez déjà à écrire avant de parler d’amour. »
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« Avec une tête comme ça, normal d’être célibataire. »
Non seulement ce n’est pas utile, mais c’est surtout révélateur.
Parce que non, je ne vais pas aller commenter le nez de quelqu’un, son âge, sa coiffure, ou son niveau en orthographe.
Ça ne m’apprend rien sur lui.
Par contre, ça m’en dirait énormément sur moi si je le faisais.
Quand ton premier réflexe, c’est d’attaquer l’apparence ou la grammaire de quelqu’un qui se met vulnérable pour parler d’amour…
On est sur un vrai problème de miroir psychologique.
Tu ne regardes plus l’autre.
Tu projettes ce que tu ne supportes pas chez toi.
Oui, je réponds poliment. Mais je pense autre chose.
Dans les commentaires, je réponds toujours…souvent de la façon la plus correcte possible.
Je reste courtois, respectueux.
Parce que je ne vais pas transformer un espace public en ring de boxe virtuelle.
Mais ici, dans cette chronique, je peux le dire :
Oui, j’ai envie parfois de leur dire :
Regardez-vous dans la glace. Et regardez bien.
Si votre vie est pleine, riche, aimante : vivez-la.
Si notre pub ne vous parle pas : scrollez.
Si vous n’avez pas besoin de nous : tant mieux, sincèrement.
Mais laissez tranquilles ceux qui, eux, cherchent encore une manière différente de rencontrer quelqu’un.
Ceux qui en ont marre des applis vidées de sens.
Ceux qui se sentent seuls le soir et qui osent remplir un formulaire, décrocher un téléphone, prendre un rendez-vous en visio pour essayer autre chose.
Un dernier mot pour ceux qui critiquent
Si vous tombez sur nos pubs et que vous avez envie de râler, de vous moquer, de piquer…
Posez-vous juste une question avant de taper sur le clavier :
“Est-ce que ça me concerne ?”
Si la réponse est non, vous avez déjà gagné du temps.
Le vôtre.
Et le nôtre.
Et si malgré tout vous ressentez ce besoin irrépressible de commenter la vie sentimentale des autres, leur physique, leurs fautes, leurs choix…
Alors là, vraiment, je vous le dis sans ironie :
Ce n’est pas nous qui devrions être votre sujet principal.
Parce qu’au fond, ce que vous écrivez sous nos pubs, c’est rarement sur Rencontrer Voir.
C’est souvent un chapitre de votre histoire… que vous n’avez pas encore osé relire.